
Les élèves de la classe de 5e Ciném’ART ont vécu une journée d’immersion au cœur de la création cinématographique interactive, grâce à une intervention proposée par Béranger, spécialiste de la table MashUp et intervenant pour l’ACAP – Pôle régional image d’Amiens. Cette journée, riche en manipulations, en découvertes techniques et en expérimentations artistiques, a permis aux élèves de s’initier à un outil pédagogique assez rare et stimulant : la table de montage MashUp.
Le début de la matinée a été consacré à la prise en main de cet outil technologique original. Sous la table MashUp, une caméra détecte des codes – un fiducial – apposés au dos de cartes représentant des plans de films, tandis qu’un logiciel spécialement programmé permet d’associer à ces cartes des vidéos, des sons, des bruitages. Les élèves ont ainsi découvert les coulisses du montage en temps réel, manipulant les éléments visuels et sonores pour créer des séquences nouvelles et expressives. Cette approche a favorisé une compréhension concrète des enjeux techniques du langage cinématographique tout en développant leur autonomie numérique.


Une première série de mises en pratique s’est appuyée sur un corpus d’images extraites du film Charlot prisonnier (Charlie Chaplin, 1917). En jouant avec les plans, en les réorganisant, en modifiant leur ordre, les élèves ont saisi à quel point le montage transforme le sens. Des intentions sont nées, des interprétations ont émergé, des mini-récits se sont esquissés. À travers cet exercice, ils ont découvert de manière ludique et interactive le célèbre effet Koulechov, qui démontre que le sens d’une image dépend fortement de celle qui la précède ou la suit. Ces cartes pédagogiques adaptées ont facilité cette prise de conscience, tout en sollicitant leur esprit critique.
L’après-midi a permis de passer à un niveau de complexité supérieur : les élèves, désormais à l’aise avec la table et ses possibilités, se sont confrontés à un exercice de style cinématographique. Cette fois, les plans provenaient de films aux esthétiques et genres variés : noir et blanc, couleur, science-fiction, burlesque, film noir ou encore comédie musicale. Chaque groupe d’élèves devait relever un défi de taille : imaginer un scénario original en articulant ces plans issus de sources hétérogènes, puis les assembler de façon à nous faire croire qu’ils avaient été tournés pour se répondre, comme s’ils faisaient partie d’un même film.

Ce travail de recomposition narrative, mêlant imagination, manipulation technique et analyse des images, a permis aux élèves de comprendre les pouvoirs de construction et de transformation du montage. Plus encore, il les a amenés à développer une distance critique vis-à-vis des images : peut-on leur faire dire ce que l’on veut ? Comment influencent-elles notre perception ? Quelle place pour le spectateur dans la fabrication du sens ? Ces questions, posées tout au long de l’atelier, ont ancré cette expérience dans une démarche d’éducation à l’image essentielle pour former les citoyens éclairés de demain.
Entre jeu, création, technique et réflexion, cette journée autour de la table MashUp a offert aux 5e Ciném’ART un regard nouveau sur les images, et une expérience concrète de ce que le cinéma peut produire lorsqu’on en comprend les mécanismes.